
Tous les témoignages sont anonymes, car nous ne voulons pas que les jeunes puissent être identifiés. D’autre part, les professeurs qui osent parler, on le voit plus bas, subissent des pressions et du harcèlement de la part de personnes se disant par ailleurs « bienveillantes et inclusives ». Le RESI est contre toute forme de harcèlement et de violence, quelle que soit la position de la personne. Nous espérons que ce débat devienne un jour moins toxique et que toute personne puisse s’exprimer librement. En attendant ce jour, nous nous devons de protéger toute personne nous envoyant un témoignage.
La disparition des mots « fille » et « femme » et la pression pour accepter la théorie de l’identité de genre
- « En classe de français dans mon école secondaire il y a plusieurs affiches au mur, le drapeau LGBT, mais surtout plusieurs drapeaux trans (rose, blanc et bleu). On voit que c’est une cause importante. Des profs de français insistent pour qu’on apprenne des pronoms différents et qu’on les accepte, et aussi il y a des mots nouveaux qui sont utilisés pour éviter le masculin ou le féminin. On a vraiment l’impression qu’il ne faut surtout plus dire “fille” ou “femme”. Par exemple, j’ai entendu plusieurs profs parler de “personnes qui menstruent”, de “personnes avec un utérus” ».
- « Pour faire un exercice, on nous a donné une feuille avec un cas. Dans ce cas il y a un garçon de 15 ans, son pronom est “il”, et une fille de 16 ans, mais son pronom est “iel”. Ils ont eu une relation sexuelle durant un party et la fille est tombée enceinte. On dit dans le texte qu’il n’est pas prêt à devenir père, mais on n’utilise pas le mot mère pour la fille qui est tombée enceinte. Durant la discussion l’intervenante a dit que “les hommes aussi peuvent être enceints…”. L’exercice portait sur la décision de la “personne avec un utérus” (avortement ou avoir le bébé et le donner à l’adoption). Il n’y a pas eu de discussion sur le fait que les deux jeunes avaient eu une relation sexuelle non-protégée dans un party. »
- « Deux personnes du GRIS sont venues dans ma classe de français (secondaire), elles se sont présentées comme étant lesbienne et gai. Elles ont parlé de l’homosexualité et nous ont demandé si on avait des questions, mais personne n’en avait, on savait tous ce que c’était. On a alors parlé des personnes trans. Nous on a expliqué nos inquiétudes, surtout les filles, d’avoir des garçons dans les toilettes ou dans les vestiaires, parce que plusieurs filles avaient vécu des agressions sexuelles dans les toilettes. Une fille a demandé s’ils trouvaient cela correct d’avoir des trans dans des sports (Jeux Olympiques), contre des femmes. Ils nous ont répondu totalement à côté. Par exemple, la femme lesbienne a dit qu’elle se sentait parfaitement à l’aise dans une salle de toilettes avec des hommes. Ils nous ont dit qu’eux allaient faire du sport dans des clubs où tout le monde jouait ensemble, et donc ils ne voyaient pas pourquoi les trans ne seraient pas acceptés dans les Jeux Olympiques. Ils n’ont pris aucun de nos témoignages au sérieux. Je pensais vraiment que la femme allait comprendre que d’autres femmes pouvaient se sentir en danger dans une toilette mixte et cela m’a vraiment choqué de réaliser qu’elle ne voulait pas prendre en considération l’avis des femmes. »
- « En classe (secondaire 1) la prof nous a dit que le sexe est “un spectre”. Elle nous a montré le bonhomme gingenre et expliqué que intersexe est un type de sexe, comme mâle et femelle… mais que de toute façon être garçon ou fille cela ne veut plus rien dire. Moi qui étais contente et fière d’être une fille, je ne savais plus quoi penser. »
- « Pendant une présentation sur la sexualité (secondaire), on a vu un film où des jeunes disaient qu’ils trouvaient l’attirance vers les personnes du sexe opposé vraiment bizarre et peut-être un peu dégoûtante… Alors l’hétérosexualité est vraiment bizarre… C’est tout de même la forme de sexualité la plus courante! »
- Enfant de moins de 10 ans : « Papa, tu sais qu’on peut changer de sexe? On nous a fait lever les bras et crier : Mon corps c’est mon choix! » (dans le sens de pouvoir choisir son corps et son sexe). Précisons que cette activité militante a été organisée au primaire par un organisme tiers appelé Chez Foufounes. À la suite de cette activité, le parent a dû expliquer la réalité à son enfant.
La difficulté de parler en classe
- « Avant la visite de personnes extérieures à l’école, la prof nous dit qu’il ne faut surtout pas être critique de ce qui est dit. Il faut être poli et écouter les intervenants. Pourtant les profs nous disent qu’il faut développer notre esprit critique… mais pas quand on parle du genre. »
- « Après la présentation du GRIS, le prof nous a dit qu’il aurait fallu gérer nos expressions faciales, on avait clairement montré nos désaccords, mais on a senti qu’il ne fallait pas. Dans ce débat, on pouvait montrer notre accord, mais pas nos désaccords. »
La difficulté d’enseigner – pressions et censure
- « En tant que prof, on subit de la pression de la part de collègues qui sont très militants sur la question de l’identité de genre. Si on questionne la théorie ou si son parle de ces impacts sur les droits des femmes, on se fait rapidement traiter de “transphobe” ».
- « Je devais donner une conférence sur l’identité de genre dans un autre cégep (que le mien), mais la direction soutenait qu’il ne fallait pas causer du tort aux étudiants en leur parlant de sujets controversés. Il y a donc eu des pressions pour que le professeur qui m’invitait annule la conférence. Après une lettre de la part de l’association étudiante, qui faisait craindre pour ma sécurité et pour celle des personnes voulant assister à la conférence, il a été décidé de l’annuler. »
- « J’ai assisté à une formation EDI pendant laquelle un militant transactiviste a fait une formation LGBTQ+. En fait, il n’a pas du tout été question des LGB. Tout était concentré sur les T et les Q. Avec un aplomb incroyable, le militant avançait des énormités sans prendre la peine de les appuyer par des faits, par des chiffres. Il fallait tenir pour acquis ce qu’il nous disait. Par exemple, selon lui, le sexe est assigné ALÉATOIREMENT à la naissance. J’ai réagi à certaines des énormités énoncées en posant des questions, en demandant d’expliquer sur quoi il basait ses affirmations. J’ai été traitée avec beaucoup d’hostilité, entre autres par l’intervenant qui nous parlait pourtant d’acceptation, d’inclusion et de tolérance depuis le début (mais manifestement pas envers les personnes qui posent des questions). Certains collègues se sont plaints à la direction de mon attitude. Et depuis, circule dans mon lieu de travail la rumeur voulant que je sois d’extrême droite, fasciste, et autres épithètes du genre. Simplement parce que je pose des questions… »
- Une professeure a écrit dans le journal syndical un article sur l’importance de la liberté académique (inscrite dans la convention collective) et de l’utilisation de concepts clairs, par exemple sur le sexe et le genre. L’article explique qu’il s’agit d’un enjeu majeur dans notre société actuelle et qu’en cours de sociologie, il est incontournable de parler de la socialisation différenciée selon le sexe (ou socialisation genrée). Extrait de l’article : « Bien que le sexe soit un concept biologique, nous devons nous y référer pour définir celui de genre qui, lui, est bel et bien social. Le sexe, c’est ce qui a trait aux caractéristiques biologiques en lien avec les stratégies de reproduction. Grosso modo, il y a les femelles qui produisent de gros gamètes en quantité limitée et les mâles qui produisent de petits gamètes en grande quantité. Dans à peu près 99 % des cas, on est mâle ou femelle à la naissance. Le genre, lui, c’est l’ensemble des rôles, attributs et stéréotypes que la société associe, voire impose à chacun des sexes. Dès leur arrivée au monde, les enfants sont plus ou moins soumis à des pressions sociales pour se conformer à ces rôles et stéréotypes. Ces rôles et attributs varient dans le temps et l’espace de même que l’importance des pressions sociales pour s’y conformer. Une troisième notion, maintenant bien intégrée dans le langage courant, s’est ajoutée depuis peu à ces deux concepts : l’identité de genre. Elle exprime un sentiment, une conviction d’être homme ou femme, à mi-chemin entre les deux ou ni l’un ni l’autre. Bref, les possibilités sont multiples. » Elle écrit aussi que le sexe et le genre sont deux concepts associés, mais distincts. Entretenir une confusion ou prétendre qu’ils seraient interchangeables est potentiellement dangereux en plus d’être faux (par exemple, en médecine, il est important de traiter les corps sexués et non les identités, sous peine de faire des erreurs médicales). Elle a également expliqué que les droits basés sur le « sexe » et les droits basés sur l « identité de genre » peuvent être en contradiction et qu’il faut s’en préoccuper. Elle plaidait pour une démarche intellectuelle rigoureuse dans ce domaine comme dans tous les autres. Malheureusement cet article lui a valu bien des critiques, elle a pu constater à quel point le débat est hargneux lorsqu’il s’agit du genre.