UN TRÈS BON MARKETING
Ça fait maintenant neuf mois que notre fille nous a annoncé qu’elle voulait devenir un garçon trans. Neuf mois qui ont laissé sa marque sur moi et sur notre famille. Je ne suis plus la même personne. Je suis devenue suspicieuse des professionnels en santé et en éducation qui gravitent autour de nous. Je remets en question mes habiletés parentales et je ne ressens plus le bonheur comme avant. Mon cœur est lourd. C’est un mot fort, mais je me sens traumatisée. Par chance, j’ai trouvé un groupe de soutien pour parents qui tout comme moi s’inquiète de la santé mentale et de l’intégrité physique de son enfant en rapport avec l’idéologie du genre. C’est important de ne pas se sentir seul, car par moment, le délire est vertigineux.
Je sens mon enfant de 16 ans vulnérable et manipulable. J’essaye de la protéger du mieux que je peux. Les jeunes font des choses stupides. Il faut soit, pas avoir d’enfant ou faire soi-même de l’amnésie pour le nier.
Initialement, quand elle m’a fait son coming-out trans, je n’ai pas paniqué. J’ai vu une jeune fille qui voulait simplement essayer une identité, mais rapidement, l’effet des amis et d’une psychologue activiste a court-circuité ses ressentis vers l’unique solution : le changement de sexe.
Je ne savais pas qu’elle se sentait aussi mal dans sa peau. Durant toute sa jeunesse, elle était pleine de confiance et elle était réellement enjouée. Je croyais que son état mélancolique d’avant son coming-out était simplement lié à l’arrivée de l’adolescence. Je me souviens moi-même à quel point les émotions sont fortes pendant cette période. Le monde peut paraître cruel pour un ado et c’est tout un défi de passer à travers cette période indemne.
Je n’avais aucune objection à ce qu’elle explore son côté masculin. Dès les premiers temps, je l’ai amené pour sa nouvelle coupe de cheveux et je lui ai acheté les vêtements qu’elle voulait.
Puis elle a changé son prénom à l’école.
Puis elle a rétréci son cercle social à sa seule amie, évidemment non-binaire.
Bien qu’elle aime encore passer du temps avec les membres de sa famille, elle passe de plus en plus de temps dans sa chambre. Elle s’isole et elle a développé de l’anxiété.
Son hygiène est pauvre. Elle se trouve moche. Récemment elle s’est collé l’étiquette d’asexuelle. Pourtant, à 14 ans, elle m’avait fait son coming-out comme lesbienne. Pourquoi a-t-elle besoin de se mettre dans ces petites cases?
Je suis déçue qu’elle soit tombée dans le panneau de l’industrie du genre. D’un autre côté, cette industrie fait vraiment très bien son travail de marketing, et je comprends que ma fille ait pu comprendre les choses de cette façon. C’est normal d’avoir des remises en question dans sa vie. Les ados cependant on peu d’expérience et d’outillage interne pour analyser et vivre leurs doutes. La société ajoute à leur confusion en leur disant que même leur genre est un ressenti. Il n’y a pas une seule façon d’être une fille ou une seule façon d’être un garçon. C’est le message que j’aurais aimé que la société lui transmette.
La population et un nombre important de professionnels de la santé croient qu’il y a une structure qui protège un jeune mineur qui veut jouer avec son genre, mais ce n’est pas vrai. Dans mon expérience, dès que le jeune ressent une incongruité de genre, il est étiqueté comme étant un jeune à l’identité créative. Il est orienté ensuite vers des organismes qui faciliteront une transition sociale. Ensuite, il est encouragé à se définir des objectifs corporels pour atteindre l’image de son genre ressenti, et ainsi débutera la transition médicale. Les cliniques du genre sont là pour faire des transitions de genre. C’est leur raison d’être, et il y en a beaucoup plus qu’on pense au Québec et au Canada.
Il ne faut surtout pas que le jeune soit mis au défi de se poser des questions sur pourquoi il se sent ainsi : c’est « transphobe ». Il ne faut pas non plus proposer un soutien psychologique en amont de sa transition : c’est « transphobe ». Il ne faut pas non plus le laisser essayer de gérer ses inconforts, c’est « manquer de compassion ». Un enfant qui change d’avis n’est pas perçu comme un succès, mais bien comme un enfant qui n’a pas été assez appuyé dans sa transition.
La nouvelle façon qu’on les adultes pour se déculpabiliser si un enfant change d’idée et regrette un traitement médical est de se dire que ça faisait partie de son histoire, son « personal journey ». C’est le monde à l’envers.
Je ne lâcherai pas mon enfant. Mon but est d’avoir la meilleure relation possible avec elle. Mon but est qu’elle se sente aimée inconditionnellement et qu’un jour, elle arrive à s’aimer un peu plus en retour.
Je la trouve parfaite telle qu’elle est.