Nous avons appris que l’émission Enquête de Radio-Canada allait diffuser un reportage sur la dysphorie de genre chez les jeunes au Québec, le jeudi 29 février, à 21 h. L’épisode est intitulé Trans express.
Nous connaissons la tradition de journalisme d’enquête sérieux, voire courageux, de cette émission. Nous savons aussi qu’une enquête sérieuse peut avoir des conséquences importantes. En 2019, en Suède, un documentaire d’enquête intitulé The Trans Train (uppdrag-granskning/the-trans-train) a suscité un débat public puis une recherche plus approfondie de la question des jeunes qui se disent trans. Ce documentaire est accessible sur YouTube avec des sous-titres français (première, deuxième et troisième parties, quatrième partie non accessible en français) ou anglais (première, deuxième, troisième et quatrième partie).
Ainsi, les membres du Rési souhaitent que la société québécoise, bienveillante à l’égard des enfants, puisse faire un débat non politisé sur le sujet des soins à apporter aux jeunes se disant trans ou non-binaires.
Les membres du Rési ont très hâte de voir comment le reportage de l’émission Enquête présentera ce sujet.
La médecine de genre au Québec
Les soins dits « affirmatifs » exigent d’importantes interventions médicales, comme la prise de médicaments puissants bloquant la puberté dès son apparition, puis, quelques mois plus tard, un traitement par l’hormonothérapie croisée qui transforme les corps de manière irréversible. Si les établissements de santé québécois appliquent les nouvelles directives de l’association militante WPATH (World Professional Association for Trans Health), consignées dans son document Standards of Care 8 (SOC8), il n’y a plus aucune limite d’âge pour débuter des traitements médicaux des enfants.
L’ablation des seins est proposée aux jeunes Québécoises de 16 ans et est payée par la RAMQ. Les chirurgies de « réassignation sexuelle » sont, quant à elles, remboursées par la RAMQ à 18 ans. La suppression de l’utérus (hystérectomie), des ovaires (ovariectomie) ou des testicules (orchidectomie) et la construction d’organes génitaux de l’autre sexe (phalloplastie ou vaginoplastie) entraînent des conséquences irréversibles comme la ménopause précoce ou la perte de la capacité de reproduction. La capacité de ressentir du plaisir sexuel peut en pâtir, et bien des personnes opérées rapportent des douleurs récurrentes.
Des questionnements qu’on ne peut ignorer
Notons que des études sur l’effet des bloqueurs de puberté ont révélé qu’ils interféreraient avec le développement du cerveau de mammifères. Les effets des bloqueurs de puberté sur le cerveau humain n’ont pas encore été étudiés de façon significative, malgré un appel pressant à le faire immédiatement. Arrêter la puberté veut dire arrêter le développement naturel du corps et du cerveau de l’enfant.
La médecine « affirmative » est centrée sur ce que désire ou exprime l’enfant. C’est une thérapie dictée par le patient. Or, selon les plus récentes recherches scientifiques, le cerveau atteint sa maturation vers 25 ans. Dans une autre émission de Radio-Canada, Désautel le dimanche, Mme Christine Grou, présidente de l’ordre des psychologues du Québec, disait : « Quand on est un jeune adolescent, il n’est pas vrai qu’on est nécessairement complètement capable d’anticiper toutes les conséquences de nos actions, de se projeter dans l’âge adulte ou de faire un consentement qui est complètement éclairé, par exemple par rapport à des approches d’hormonothérapie ou des approches chirurgicales qui seraient extrêmement complexes. Dans le développement du cerveau, il y a quelque chose qui se passe à l’adolescence. Les structures qui sont responsables des émotions sont en pleine effervescence, comme les hormones d’ailleurs, et les structures qui sont responsables de tempérer ne sont pas encore matures. C’est pour ça que, lorsqu’on parle d’approche affirmative, je pense que c’est important de dire qu’on ne veut pas invalider et de ne pas minimiser surtout ce que l’adolescent vit (…) mais par ailleurs il faut être prudent dans l’accompagnement qu’on fait parce que justement ce n’est pas un cerveau qui est capable de porter un jugement plein et entier. Ça soulève des questions en éthique clinique sur lesquelles il faut réfléchir, il y a des enjeux et des questions à se poser et je pense qu’il faut être particulièrement minutieux dans l’évaluation qu’on en fait. Tout le monde veut le mieux pour ces enfants-là, mais tout le monde ne s’entend pas sur c’est quoi le mieux. Alors il faut réfléchir davantage. ».
Ainsi, il y a lieu de se poser la question du consentement des jeunes, en plus du questionnement sur les bienfaits réels de l’approche affirmative (remise en question par de nombreux professionnels de la santé dans le monde, jusqu’à l’Organisation Mondiale de la Santé), en contexte de la hausse rapide de jeunes Québécois, et surtout Québécoises qui se disent trans depuis quelques années. Sans oublier que la médecine du genre est un champ d’étude et de pratique très récent chez les enfants et les adolescents.
Les parents aimant profondément leurs enfants sont en droit de poser des questions sans être traités de mauvais pères et de mauvaises mères.
Ailleurs dans le monde
La Société pédiatrique suédoise a déclaré ne pas souscrire à l’idée d’une thérapie dictée par l’enfant telle que celle des soins affirmatifs, car il ne peut consentir à des altérations irréversibles du corps humain. Extrait de son avis :
[Traduction] Le processus de maturation physique et psychologique des enfants et des adolescents est individuel, mais pour la plupart d’entre eux, il comprend la recherche et l’expérimentation d’identités; ce phénomène est naturel, et les proches doivent donc y apporter un soutien nuancé. Les règles de la société doivent respecter un équilibre entre les droits propres de l’enfant et la nécessité de les protéger. Les données scientifiques probantes et les pratiques médicales établies ne permettent pas de donner aux enfants le droit de prendre seuls des décisions qui changent le cours d’une vie à un âge où il est impossible de s’attendre à ce qu’ils en comprennent les conséquences.